Auteur : Dr Jean-Jacques Charbonier
Rubrique : Mystères de l’après-vie
Explorer l’au-delà par l’hypnose
Le Dr Charbonier est un médecin réanimateur-anesthésiste de la région de Toulouse (France) qui, par son travail, a été amené à recueillir plusieurs témoignages de personnes ayant vécu des expériences de mort provisoire, c’est-a–dire de personnes qui sont cliniquement mortes et qui sont revenues à la vie.
Qu’arrive-t–il après la mort ? Notre esprit et notre personnalité survivent-ils ? Qu’en est-il de notre conscience ?
Si on accepte le dogme central des neurosciences traditionnelles – selon lequel tous les événements mentaux et le soi se réduisent strictement aux processus physiques et biologiques du cerveau –, alors la réponse à ces questions est que l’esprit, la conscience et la personnalité sombrent dans le néant au moment de la mort. Pour le Dr Jean-Jacques Charbonier, cette réponse découle d’une croyance erronée associée au matérialisme scientifique, une vision du monde qui est maintenant obsolète.
Je suis médecin anesthésiste-réanimateur depuis plus de trente ans, mais mon intérêt pour les expériences de mort imminente EMI1 (1. EMI : L’expression de « mort imminente » a été proposée pour la première fois en 1896 par le psychologue et épistémologue français Victor Egger. L’EMI désigne un ensemble de « visions » et de « sensations » se produisant chez 12 à 18 % des personnes adultes (65 % chez les enfants) revenant d’une mort clinique.) – que je préfère nommer expériences de mort provisoire EMP – remonte à plus longtemps encore puisque j’ai choisi d’exercer cette spécialité en raison de cet engouement. À la suite d’une expérience personnelle très forte racontée en détail dans l’un de mes livres, au cours de laquelle je ne suis pas parvenu à réanimer un blessé de la route, j’ai en effet souhaité recueillir les témoignages de ces hommes et de ces femmes qui, après être revenus d’un arrêt cardiaque, racontaient leurs fantastiques voyages dans l’au-delà.
Je pensais que le métier d’anesthésiste-réanimateur était le meilleur poste d’observation pour atteindre cet objectif. J’ai vite été déçu.
En effet, les patients qui vivent une telle aventure communiquent rarement leurs ressentis dans les heures ou les jours qui suivent ; il faut le temps de digérer l’indicible, et cela prend quelquefois des années voire des décennies. De plus, le premier confident est rarement un étranger. Surtout si celui-ci porte une blouse blanche ! On peut comprendre. Les médecins ont la fâcheuse réputation de psychiatriser ce genre de discours et de ranger dans le tiroir des hallucinations tout ce qui s’y rapporte.
Je recueillais bien ici ou là quelques réactions atypiques de rescapés de la mort qui me disaient avoir fait des rêves bizarres avec des défunts ou des êtres de lumière qui étaient venus les visiter. Rien de plus. Je pressentais que l’on me cachait la vérité et cela m’agaçait terriblement. Il y a même des moments où je me retenais de secouer les belligérants par les épaules en hurlant à leurs oreilles :
« Alors, vous l’avez vu, ce tunnel, ou quoi ?!!! » Oui, leurs regards fuyants m’agaçaient, car je savais au fond de moi qu’ils n’osaient pas me dire l’essentiel.
En fait, c’est mon statut de médecin-romancier s’intéressant aux EMP qui me permit de recueillir mes premiers récits d’expérienceurs2 (2. Personne ayant connu une EMP.). Il me fallut donc attendre la publication de Coma dépassé, mon premier ouvrage paru en 2001 chez un petit éditeur.
J’en profite ici pour rendre hommage à Lionel et Chantal Clergeaud des éditions CLC, ainsi qu’à Myriam Louarn qui était à l’époque leur directrice de collection. C’est grâce à eux et à leur travail courageux que j’ai pu commencer cette formidable aventure. Lors de salons ou de cafés littéraires, des lecteurs venaient spontanément me trouver pour me confier leurs brèves incursions dans ce que certains appellent « le monde invisible ». Ma collection de témoignages s’amplifia au fur et à mesure que ma notoriété grandissait dans ce domaine si particulier. J’ai depuis rédigé de nombreuses pages sur ce sujet, signé 14 ouvrages personnels, préfacé des dizaines de livres qui s’y rapportent, dirigé deux thèses de doctorat en médecine traitant des EMP, et des milliers de personnes ont déjà assisté à mes nombreuses conférences faites dans le monde entier. Autant dire que je dispose aujourd’hui de plusieurs centaines d’histoires authentiques. Ces merveilleux voyages dans l’au-delà m’ont plus appris sur la vie et la mort que mes douze années de faculté de médecine. Je ne remercierai jamais assez toutes ces personnes qui m’ont accordé leur confiance en me livrant leurs vécus.
Le point de vue scientifique en question
Que faire de cette somme considérable d’histoires incroyables ? Quelles leçons en tirer ? Pourquoi se produisent-elles ? Peut-on en déduire un enseignement pour l’ensemble de l’humanité ?
Comment les intégrer à notre réalité sans les assimiler à des hallucinations produites par un cerveau déréglé ?
Toutes ces questions tournent encore dans ma tête et, au bout de trente ans de recherches, je n’ai toujours pas trouvé de réponses vraiment satisfaisantes.
Une certitude cependant : les perceptions des expérienceurs sont tout simplement impossibles si l’on considère que c’est le cerveau qui produit la conscience. En effet, en état de mort clinique, bon nombre de patients sont non seulement en mesure de décrire les gestes de réanimation et les soins qui leur sont prodigués, mais aussi des scènes se déroulant à distance de leurs corps physiques : sous une table d’opération, dans une salle d’attente, sous un porche d’hôpital, dans un appartement situé à des kilomètres ou encore dans le jardin d’une villa de l’autre côté de l’Atlantique.
Avec les progrès de la réanimation, les récits de ce type sont légion. Le plus fort est que toutes ces perceptions sont réalisées quand le cerveau est hors service avec un électroencéphalogramme* (*appareil qui mesure l’activité électrique du cerveau.) plat ! Ainsi, cette sorte d’expansion de conscience, cette « hyperconscience », ne serait obtenue que lorsque l’organe qui est censé la produire ne fonctionne plus du tout !!! Trouvez l’erreur.
Pour le coup, l’édifice de la pensée matérialiste a de quoi vaciller. « Putain, ça penche, on voit à travers les planches », comme le chante Alain Souchon !
Quand on est un scientifique digne de ce nom, il ne faut pas rejeter en bloc des phénomènes observables sous prétexte qu’ils n’entrent pas dans les dogmes que l’on s’est donnés. Il faut au contraire essayer de les intégrer au réel en proposant de nouvelles règles reposant sur un concept différent. Et ce dernier devra rester valable jusqu’à ce qu’un autre phénomène observable vienne le contredire. Cette démarche essentielle semble évidente, mais est extrêmement difficile à appliquer. Il est effectivement beaucoup plus simple de se réfugier dans le confort de ce qui est établi et reconnu en se bouchant les oreilles et en fermant les yeux devant l’inexplicable que de vouloir tout chambouler.
Une nouvelle approche
J’ai nommé Conscience Intuitive Extraneuronale (CIE) ce nouveau concept qui permet d’expliquer non seulement le vécu des expérienceurs, mais aussi des facultés aussi contestées que la télépathie, l’intuition, la prémonition, l’inspiration artistique, la vision à distance ou remote viewing, la médiumnité ou la voyance. En gros et pour faire simple, cette CIE, que l’on peut assimiler à ce que certains appellent l’âme ou l’esprit, nous caractériserait individuellement tout en étant relayée aux différentes sources d’informations universelles.
Totalement dissociée du temps et de la matière, elle serait immortelle. Notre cerveau jouant uniquement le rôle de récepteur d’informations en captant les données de la CIE à la manière d’un filtre réducteur.
Selon mon hypothèse de fonctionnement, plus notre cerveau ralentit son activité, plus les informations de notre CIE deviennent accessibles. Autrement dit, plus le mental, ou ce que j’appelle la conscience analytique cérébrale ou CAC, cesse de produire ce bruit de fond assourdissant, plus nous sommes connectés au monde invisible et à la conscience universelle. La CAC capte nos informations sensorielles pour nous situer dans le temps et dans l’espace ainsi que pour juger et évaluer les différents événements de nos vies. La CIE, quant à elle, prend en compte nos informations extrasensorielles pour produire ces expansions de conscience rarement accessibles et pourtant si précieuses.
Il faut bien reconnaître que dans notre monde moderne, la CAC fonctionne dès notre réveil à plein régime et sans interruption alors que notre CIE est le plus souvent inactive. Mises à part les trop rares périodes de méditation que certains savent s’accorder, la CAC ne s’éteint qu’en période de sommeil, de coma, d’anesthésie générale ou d’arrêt cardiaque. Mais cette CAC ne fait pas que juger et analyser ; elle trie et censure toutes les informations qui ne sont pas conformes à nos apprentissages. Ainsi, ce que nous pensons être le réel ne sera qu’une somme d’informations passée par le prisme déformant de notre CAC. C’est le principe de l’illusion d’optique : notre CAC transforme une image incohérente pour la rendre logique. Plus nos enseignements seront longs et imprégnés d’une culture dogmatique matérialiste, plus l’inhibition des ressentis intuitifs sera forte. Cela explique pourquoi il n’y a pas 100 % de récits d’expérienceur chez les personnes qui font des arrêts cardiaques. Nous n’avons que 12 à 18 % d’EMP chez les adultes, alors que ce pourcentage grimpe à 65 % chez les enfants en raison d’une CAC moins présente et donc d’une censure beaucoup moins puissante des perceptions intuitives extraneuronales.
Jusqu’à l’âge de 6 ou 7 ans, les gamins ont souvent des facultés médiumniques, jouent avec des amis invisibles ou ont des réminiscences de vies antérieures. Ensuite, sauf trop rares exceptions, la CAC fait le ménage et leur fait tout oublier.
Comment susciter l’expérience de la CIE
Lors d’un voyage en avion, je réfléchissais à la manière de mettre en application la dissociation de la CAC et de la CIE en rendant cette expérience accessible à de nombreuses personnes. Mon but était de présenter cette activité sous forme d’ateliers, dans lesquels les participants pourraient accéder à leur CIE. Oui, mais quel moyen trouver pour bloquer ou ralentir l’activité de leur CAC ? Je ne pouvais quand même pas les anesthésier ou leur arrêter le cœur ?
Non, bien sûr, c’était totalement irréalisable pour des raisons éthiques. Il est impossible de risquer la vie des gens pour ce genre d’expérimentations, même s’ils sont volontaires. Alors, comment faire ? Comment inhiber cette CAC par une méthode simple et inoffensive ? Je cherchais l’inspiration en regardant les nuages défiler.
Mon voisin de droite s’était assoupi. Sur ses genoux, un magazine ouvert sur un article coloré de bleu et de noir m’interpella. Son titre interrogatif écrit en gros caractères me donna la réponse : « L’hypnose, la solution à tous vos problèmes ? »
Merci l’Univers pour ce sérieux coup de main !
L’hypnose en anesthésie
Petit historique
Depuis toujours, l’hypnose était associée à des phénomènes paranormaux, à des pratiques plus ou moins occultes relevant de l’ésotérisme ou de la magie, tandis que les personnes qui l’utilisaient passaient soit pour des sorciers, soit pour des illusionnistes ou, pire encore, pour des charlatans. Les premières applications médicales de l’hypnose remontent au XVIIIe siècle, et à Mesmer. Il aura cependant fallu attendre la fin du XXe siècle pour que celle-ci soit utilisée en routine afin de procurer une anesthésie au cours d’interventions douloureuses. C’est notamment en faisant appel à de nouvelles techniques d’imagerie que l’hypnose a pu s’imposer petit à petit dans les milieux scientifiques et universitaires. En effet, dès 1997, des études réalisées à l’aide de TEP (tomographie à émission de positons) et d’IRMf (imagerie par résonance magnétique fonctionnelle) ont mis en évidence des différences d’activation de diverses régions du cerveau entre l’état normal et l’état hypnotique.
Ma première expérience d’anesthésie hypnotique
J’ai été hypnotisé pour la première fois à l’âge de douze ans par mon médecin de famille. Il m’a recousu une plaie au genou sans utiliser d’anesthésie locale.
En même temps qu’il enfonçait son aiguille à suture dans mes chairs, il me parlait d’une balade en forêt qu’il avait faite alors qu’il avait mon âge et il m’expliquait comment il s’était perdu et comment on l’avait retrouvé alors que la nuit tombait. J’étais tellement pris par son récit palpitant et par tous les détails précis qu’il me donnait que je n’ai ressenti aucune douleur jusqu’à ce qu’il me dise d’une voix plus forte en me tapant sur la joue : « Et voilà, c’est fini ! Bravo, tu as été très courageux ! » Mon médecin de famille ignorait sans doute qu’il avait un talent naturel d’hypnotiseur.
Pourtant, il avait induit ce jour-là une hypnose anesthésiante d’excellente qualité en employant un procédé qui est aujourd’hui enseigné dans des instituts spécialisés en ce domaine.
Quelles chirurgies peut-on faire sous hypnose ?
Les indications de l’hypnose progressent rapidement. Si cette technique était autrefois réservée à des petits actes opératoires de courte durée, elle est aujourd’hui utilisée pour des gestes beaucoup plus lourds tels que la chirurgie du cancer de la prostate ou celle de la reconstruction mammaire. D’autres chirurgies sont plus facilement réalisées sous hypnose : opération de la cataracte, des varices ou de la thyroïde. En fait, les limites des indications opératoires ne peuvent être fixées que par les praticiens qui l’utilisent. En fonction de leur disponibilité et de leur expérience, eux seuls pourront déterminer les options à offrir à leurs patients. L’hypnose est un travail d’équipe qui exige la participation de tous les acteurs d’une chirurgie donnée : celle de l’anesthésiste et de son patient bien sûr, mais aussi celle de toute l’équipe opératoire au complet : le chirurgien, l’aide opératoire, l’instrumentiste et l’ensemble du personnel présent en salle.
L’anesthésiste qui pratique l’hypnose pourra être amené à régler en coopération avec le chirurgien les différents temps opératoires en fonction des réactions de son patient. Autant dire que sans une motivation forte de tous les intervenants, une chirurgie sous hypnose est tout simplement impossible à réaliser. Si un patient souhaite se faire opérer sous hypnose, il doit en faire la demande auprès de l’anesthésiste qui l’aura pris en charge. Lui seul pourra le renseigner sur cette possibilité. Il faut cependant savoir que la majorité des anesthésistes ignorent cette discipline qui reste encore malheureusement trop marginale, car non enseignée dans le cursus de cette spécialité.
L’hypnose, comment ça marche ?
Si on mesurait notre activité électrique corticale cérébrale à l’aide d’un électroencéphalogramme (EEG), lorsque j’écris ces lignes ou lorsque vous les lisez, elle serait chez vous et moi aux environs de 21 hertz. Si mon texte devenait trop compliqué et que vous deviez fournir un effort supplémentaire pour essayer de le comprendre, vous seriez en pleine concentration et votre EEG afficherait des valeurs supérieures à 30 ou 40 hertz. Puis, ne comprenant toujours rien à mon texte et pris d’une profonde lassitude, vous finiriez par vous endormir. Votre EEG afficherait alors des valeurs situées en dessous de 4 hertz. L’hypnose consiste à amener le sujet dans une zone d’activité corticale cérébrale intermédiaire située entre 10 et 4 hertz. C’est une zone très particulière qui permet d’intégrer les consignes suggérées par l’hypnotiseur comme étant des pensées authentiques. On pourra ainsi suggérer à la personne hypnotisée qu’elle fait un beau voyage ou qu’elle peint une aquarelle si cette activité est son passe-temps favori. Pris dans cette suggestion, la CAC est coupée et les perceptions sensorielles deviennent de ce fait inexistantes, y compris les stimulations douloureuses qui ne peuvent plus être analysées.
L’abaissement de l’activité cérébrale corticale est réalisé par des méthodes de relaxation et de respiration adaptées. La suggestion devra se faire avec une voix calme et monocorde. Les consignes pourront être données par une série de phrases rythmées et répétées comme le refrain d’une chanson douce. Le retour à une conscience normale en fin d’opération pourra s’effectuer par un compte à rebours de 5 à 1 qui correspond à 5 phases d’éveil progressif. C’est personnellement la méthode que j’utilise encore actuellement dans mes ateliers d’hypnose.
Naissance de la TCH
Quelques mois me suffirent pour me former aux méthodes d’hypnose employées par mes confrères anesthésistes.
Après avoir trouvé la manière de couper la CAC des participants de mon futur atelier pour leur donner la possibilité de les brancher à leur CIE par une méthode sécurisée qui a fait ses preuves en bloc opératoire, il me fallait maintenant inventer un procédé pour les connecter aux images archétypales de l’au-delà.
Et si ces séances d’hypnose offraient un moyen de recevoir des perceptions médiumniques comme c’est le cas dans les EMP ? Si des êtres chers partis de l’autre côté du voile profitaient de cette occasion pour communiquer des informations ? Ces ateliers ne seraient-ils pas dans ce cas une thérapie efficace pour traiter les douleurs du deuil ? Toutes ces questions trottaient dans ma tête.
Je savais que la CIE des défunts contacte parfois leurs proches restés dans notre plan terrestre par l’intermédiaire de médiums ou de différents supports physiques utilisés en Trans Communication Instrumentale ou TCI.
Compte tenu de ces éléments, une solution s’imposait d’elle-même : la suggestion hypnotique ne serait ni un voyage rêvé ni une activité favorite comme on le fait pour les anesthésies chirurgicales sous hypnose, mais une EMP. Oui, c’est ça, une EMP « classique » avec la sortie de corps, le passage dans le tunnel, le contact avec la lumière d’amour et le retour sur notre plan terrestre. Le projet était donc bordé, ou presque. Je me sentais tout à fait capable d’organiser une séance d’hypnose telle que les réalisent mes collègues anesthésistes et de gérer n’importe quel problème médical éventuel qui pourrait survenir lors de ces expérimentations. Subsistaient malgré tout de grosses inquiétudes qui pouvaient me faire renoncer à réaliser de telles séances. La CIE des participants serait-elle soumise aux sollicitations de ceux que certains appellent « le bas astral » ? Est-ce que les esprits des défunts qui se présenteraient de cette manière seraient tous bien intentionnés ? Est-ce que les révélations données par le monde invisible étaient toutes bonnes à « entendre » ? Existait-il un risque de possession ? Il me fallut encore trois bons mois de recherches et de lectures pour résoudre cette problématique que je jugeais rédhibitoire.
Je pris conseil auprès de nombreuses personne compétentes grâce auxquelles plusieurs précautions indispensables furent ajoutées à mon protocole. Avant chaque atelier, je fais une prière pour demander toutes les protections nécessaires.
La Trans Communication Hypnotique venait de naître. J’ai choisi cette appellation par analogie avec la Trans Communication Instrumentale. En TCH, le support des informations émanant de l’au-delà ne serait plus un instrument comme en TCI, mais le propre cerveau des participants placés sous hypnose. Si mon concept de CIE était bon, la TCH devait fonctionner. J’étais impatient de tester la validité de mon invention.
Le premier atelier fut une véritable réussite et je fus même étonné de ses excellents résultats.
Témoignage
Pour montrer la richesse des vécus en TCH, je rapporte ici un extrait du compte rendu de David Mardenalom qui est chirurgien-dentiste.
Il me l’adressa plusieurs semaines après avoir « digéré » sa séance. Ce praticien de 31 ans a l’habitude d’utiliser l’hypnose pour prodiguer des soins dentaires. L’atelier se déroule en février dans une salle mal climatisée sur l’île de la Réunion. En début d’année, les grosses chaleurs humides sont fréquentes. Je me souviens encore de ma chemise bleue auréolée de sueur et de mes mains moites sur le dossier de ma chaise. Voici son récit :
Mon corps entier se détend. Je me rends compte combien une posture simple d’un homme assis comprend de nombreuses contractions musculaires. Je me fais mou. Mais pas lourd. J’ancre mes pieds dans le sol. Je sens, je visualise des racines qui s’enfoncent dans le sol. Une lumière orangée comme un soleil remonte de mon coccyx à mon cerveau en remontant mon rachis. Je la visualise et la ressens. Je ne vois pas un cerveau, mais une tête où mon esprit fusionne avec cette lumière orange.
Je me sens là, mais je ne sens plus vraiment mon corps. Je ne suis plus qu’un esprit. Je suis entouré d’une bulle, je suis cette bulle et rapidement, c’est cette bulle autour d’une lumière orange qui monte au-dessus de mon corps. Je m’échappe de ma tête par le haut. Je suis au-dessus de moi. Je m’échappe encore, je suis au-dessus de nous, puis au-dessus du bâtiment, je vois les lumières de la ville, je vois l’île, et là, la Terre s’éloigne vite. La Terre s’éloigne pour devenir un ballon, une bille bleue, et disparaît au loin. Je ne vois nul autre que moi. Je ne me demande pas où sont les autres. À quelques reprises, je sens ma conscience analytique essayer de revenir. Je la renvoie, je m’en détache, je sens qu’elle est la dernière ficelle qui me rattache au siège sur lequel je me suis assis dans cette salle. Je la sectionne, je prends la décision de ne plus rien en prendre et de me laisser aller.
Je pars. Je suis loin. Je ne pense plus. Je ne réfléchis plus. Je ressens juste. Je suis perdu dans un univers tout noir. Votre voix est lointaine, mais joue le rôle de fil d’Ariane.
Je ne suis pas paumé, c’est comme un rêve semi-guidé.
Je vous entends parler d’étoiles et d’obscurité. Je vois scintiller çà et là des milliers de lucioles au loin. Des petits points lumineux, et je monte encore, je vole, je suis haut. Je vous entends nous demander de visualiser quelqu’un de décédé que l’on voudrait voir. Alors, je pense à ma mère, uniquement à elle. À son visage, à son corps sur le lit d’hôpital. Je la vois. Je visualise nos échanges, nos petites blagues à nous pincer sous la table… et le noir devient lumière, douce, mais d’une blancheur parfaite. Je suis ailleurs. J’ai pris un tunnel vers le haut.
Le noir a disparu sans que je m’en rende compte. Devant moi sur la gauche, je vois arriver en courant une forme qui se dessine dans cette blancheur. Le trait est d’un jaune orangé. Comme fait de la lumière du Soleil.
Des couleurs vives, mais qui ne brillent pas.
C’est comme si je dessinais dans du lait avec du sirop de safran. Une petite silhouette se rapproche. Une grande la suit. Je me vois me demander ce que c’est. Qui est-ce ? Et je vois mon chien et ma mère s’avancer vers moi. C’est étrange. Je m’attendais à voir mes deux parents et je les vois s’avancer vers moi. Tout sourire. Rien n’est sous mon emprise. Je vis le moment. (…)
(…) Je sais que c’est un monde derrière le rideau qui est accessible, mais que ce n’est pas ma place. Pourtant, c’est grisant. C’est plein d’amour. Et rien n’est important. Tout est sans aspérité. Sans angle. Sans mal. Je suis de nouveau dans l’obscurité. Je redescends encore. Je suis au milieu des étoiles.
Je vois la Terre, l’île, la ville, le bâtiment.
Je flotte au-dessus de la quarantaine de personnes de notre groupe. J’ai toujours les yeux fermés, mais je vous vois dans un coin de la salle. Je reprends contact avec mon corps. La lumière redescend dans mon rachis. S’éteint à mon coccyx. La vigueur revient dans mes muscles, dans mes membres. J’ouvre les yeux dans un flash.
Mais finalement, je les referme. Mon corps se réveille. Puis, j’ouvre à nouveau les yeux.
Le temps file à toute allure. Pour ne pas entendre le récit des expériences des autres qui commencent à vous parler, je plonge dans mon téléphone pour y noter tous mes souvenirs. Il nous faudrait plus de temps pour digérer dans le silence cette expérience avant de la partager.
Pour le reste, je n’espérais rien, mais j’ai eu beaucoup plus que ce que je pouvais imaginer. Comme le voyage rêvé all inclusive.
Merci à vous.
Pour en savoir plus :
Contacter nos défunts par l’hypnose – Jean-Jacques Charbonier – Ed. Guy Trédaniel